Aujourd'hui, 25 novembre, marque la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. C'est une occasion marquante pour commémorer les luttes passées et présentes contre les violences faite aux femmes, et pour souligner l'importance de continuer d'agir afin de prévenir ces violences et de mener à un monde exempt des violences sexistes.

Alors que nous avons pu constater au cours des dernières années l'importance grandissante des technologies dans nos vies, celles-ci ont aussi influencé à plusieurs égards les violences familiales et conjugales, et menées à de nouveaux types de menaces. Heureusement, les technologies numériques permettent également l'émergence de nouveaux moyens de diffuser l'information pertinente sur ce fléau, et de développer des réseaux et des outils pour mieux le combattre.

Créée en février 2018, l'association Elle Cætera a pour mission de faciliter l’accompagnement des jeunes femmes qui ont subi des violences sexistes et/ou sexuelles. L'organisme utilise les possibilités offertes par le numérique et les nouvelles technologies afin de faciliter la prise en charge et l'accompagnement des femmes qui ont subi des violences. Elle Cætera a notamment créé Lilabot : le premier chatbot Facebook Messenger capable d'informer, de rassurer et d'orienter les femmes victimes de toutes formes de violences.

Afin de dresser un portrait de la situation et présenter un éclairage sur l'utilisation des réseaux sociaux et du Web dans la lutte pour l'éradication des violences, nous vous présentons aujourd'hui un regard croisé entre Alexia Lerond, Fondatrice de l'association Elle Cætera (EC) et notre expert en cybersécurité Benoit Grunemwald (ESET).

Alexia Lerond, fondatrice de l'association Elle Cætera

Un portrait actuel de la violence conjugale

EC : En 2019, on estime que 225 000 Françaises ont été victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Pourtant, 4 victimes sur 5 déclarent ne pas avoir déposé plainte et plus de 50 % des victimes n'a fait aucune démarche auprès d'un.e professionnel.le ou d'une association. Les jeunes femmes ne sont pas épargnées par les violences au sein du couple. Mais elles sont de plus une majorité à subir d'autres formes de violences, telles que les cyberviolences.

L’impact des outils numériques sur les violences faites aux femmes

EC : Les outils et espaces numériques sont facilement accessibles pour les agresseurs. Ils leur permettent d’assurer contrôle et domination, via des logiciels espions notamment. Les réseaux sociaux, et internet de manière générale, permettent de dissimuler l’identité des agresseurs, ce qui favorise les cyber-violences (cyber-harcèlement, cyber-sexisme, cyber-surveillance…) et la publication en ligne de contenus haineux.

ESET : Afin de protéger son identité numérique et préserver son intimité, il est indispensable de limiter les accès non autorisés. Pour commencer, il convient de choisir un mot de passe fort et différent pour chaque compte. Si cela peut sembler complexe à gérer au quotidien, il existe fort heureusement un outil très simple et pratique : le gestionnaire de mot de passe. Gratuit ou payant, ce compagnon constitue un véritable coffre-fort numérique. Sécurisé et facile d’utilisation, il se souvient de vos mots de passe et les entre à votre place au moment de la connexion.

Dans le cas de cyberharcèlement, les plateformes sérieuses disposent de mécanismes de signalement, permettant de limiter à la fois l’impact mais aussi les actions de l’agresseur.

EC : Elle Caetera considère néanmoins que ces outils et espaces numériques peuvent également constituer un formidable levier pour se mobiliser et s'informer face aux violences subies. Le mouvement #metoo en a été la démonstration puisqu’il a largement été relayé sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, et a permis de libérer la parole des femmes.

Mais cela n’est malheureusement pas suffisant, car toutes les femmes ayant dénoncé des violences sexistes et/ou sexuelles sur les réseaux sociaux n’ont pas forcément eu le courage d’aller déposer une plainte ou d'en parler à un.e professionnel.le. La peur, la culpabilité mais également la méconnaissance des principales associations d’aide aux victimes sont autant de raisons qui freinent les femmes à pousser les portes d’un commissariat ou d’une association.  Les associations mobilisent très peu les outils numériques : internet ne représentant que 7% des modes d’orientation vers les structures spécialisées.

Un outil numérique innovant au service de la lutte contre les violences faites aux femmes : Lilabot

EC: Partant de tous ces constats, Elle Cætera a voulu créer un outil qui puisse devenir un véritable intermédiaire entre les associations spécialisées et les victimes. Un outil qui facilite l’information et l’orientation des femmes qui ont subi des violences.

Elle Cætera a ainsi créé Lilabot : le premier chatbot Facebook Messenger à destination des femmes victimes de violences.

Disponible 24h/24 et 7j/7, Lilabot est accessible :

A la suite d’une courte conversation d’environ 3 minutes, le chatbot va être capable :

  • D’identifier l’infraction dont semble être victime la jeune femme
  • De lui expliquer cette infraction en des termes compréhensibles (non juridiques)
  • De l’orienter vers la structure adaptée à sa situation (la plus proche de chez elle).

Elle Cætera souhaite, par cette initiative, inciter les femmes à se rendre au sein des associations pour y recevoir un accompagnement juridique, psychologique et/ou social et, corrélativement, à déposer plainte.

Confinement et violences faites aux femmes - quel constat ?

EC : Pendant la période de confinement, les associations ont pu constater une recrudescence des violences intrafamiliales mais aussi des cyber-violences à l’encontre des femmes – notamment des jeunes femmes – avec l'apparition de comptes « FISHA » consistant à « afficher » les jeunes filles jugées « faciles » en publiant des photos d’elles dénudées sans leur accord.

Chantages sexuels à la webcam, comptes « FISHA » ou revenge porn (images intimes diffusées par l’ex-petit ami pour se venger) ont ainsi connu un réel essor pendant le confinement. Cela s’explique notamment par le fait que les jeunes, ayant vécu une période d’ennui, ont été surexposés à internet sur leur smartphone, seuls dans leur chambre.

ESET : Entre le dernier trimestre 2019 et le premier trimestre 2020, la catégorie « logiciels espions » sur Android a bondi d’un tiers. Ces logiciels, souvent proposés dans le but légitime de surveiller ses enfants ou des personnes consentantes, sont détournés de leur usage premier et servent ainsi à espionner un conjoint ou une relation. En raison du nombre important de détections, nous avons classé ces logiciels dans une catégorie spécifique, afin de permettre leur identification de manière plus claire. La très grande majorité de ces derniers sont identifiés de cette façon par les solutions de sécurité. C’est pourquoi nous vous recommandons de protéger votre smartphone en utilisant une solution de sécurité mobile provenant d'une source fiable. Une version gratuite de notre solution de sécurité mobile est disponible.

Trois gestes simples pour protéger sa vie privée selon ESET :

  1. Considérez votre smartphone comme un ordinateur, à savoir un outil puissant et contenant un grand nombre d’informations personnelles. Le déverrouillage par empreinte digitale est à privilégier, ainsi que l’installation d’une suite de sécurité. Pensez également à mettre à jour à la fois votre téléphone mais également les applications qui y sont installées. En cas de doute, consultez un professionnel de l’informatique pour repérer d'éventuelles applications indésirables.
  2. En utilisant un gestionnaire de mots de passe, vous pouvez vous déconnecter des comptes après consultation. Vous limiterez ainsi les accès non autorisés.
  3. Pensez à vérifier régulièrement les paramètres de confidentialité de vos réseaux sociaux. Certaines publications peuvent être publiques ou accessibles au-delà du cercle privé.

Conclusion

EC : Malgré l’image péjorative pouvant être véhiculée par les réseaux sociaux, Elle Cætera pense que ce canal peut devenir un outil salvateur de lutte contre ces violences.

Les mentalités évoluent ; il nous incombe de faire en sorte que les nouvelles technologies en général, et les réseaux sociaux en particulier, soient à présent au service des victimes et non des harceleurs.

ESET : Nous sommes tous cybercitoyens, d’autant que le numérique prend de plus en plus de place dans notre vie. De la même manière que nous apprenons à circuler à pied ou en voiture, nous devons nous instruire sur la bonne attitude à adopter pour nous prémunir des dangers d’internet. Cela passe notamment par l’éducation et l’adoption de bonnes pratiques élémentaires d’hygiène numérique. Sans être un expert en informatique, nous pouvons protéger notre vie digitale et tenir ainsi en respect les harceleurs.